Avant-Propos à destination de la censure : Il s'agit ici d'une histoire bien ridicule . Y percevoir une analogie avec des événements historiques plus ou moins récents est possible. Y déceler une incitation à la haine ou la
discrimination serait puremement grotesque.
On a un peu oublié quand a commencé cette guerre. Mais, au moment où se déroule cette histoire, elle battait son plein.
On a un peu oublié quand a commencé cette guerre. Mais, au moment où se déroule cette histoire, elle battait son plein.
Il y avait
d'un côté un peuple de guerriers, fiers et libres, qui vivaient sans chefs, ni
lois. Tous égaux, ils ne respectaient rien, ni personnes mais s'interdisaient
tous jugements. Ils mettaient sur un même pied d'égalité la justice et la
force, le plaisir et la vertu. Ils se faisaient appeler les « Protobilois »
en raison de l’inquiétude que suscitait chacune de leurs apparitions chez leurs
adversaires.
De l’autre
côté, il y avait un peuple dont le pacifisme était tant exacerbé qu’on pouvait supposer
qu’il confinait à la paresse. C’était un peuple d’ordre et de sagesse, lent à
la décision, avide d’équilibre et de consensus. Ce peuple n’aimait pas la
guerre, mais ne savait pas faire la paix avec les Protobilois car il n’arrivait
pas à trouver un compromis qui eut pu sembler durablement juste. On appelait ce
peuple les « Antitobilois »
Un jour,
alors que les Protobilois avaient remporté une victoire pour le moins décisive,
les Antitobilois se réunirent en congrès. Après de très longues discussions,
ils convinrent mollement de porter le combat
sur un autre front qui leur semblait alors plus favorable. Il s’agissait de
prendre position, de creuser des tranchés, de bâtir des forts. On appellerait
ça : « le grand retranchement ». Cela, pour survivre aux assauts
répétés le plus longtemps possible, en attendant un jour meilleur où, un homme ou
une femme providentiel viendrait renverser la tendance. Il est vrai qu’une
telle guerre n’empêche pas les pertes humaines mais, aux yeux de la plupart,
elle semble être la « moins pire » des solutions.
A peine
commencée, cette stratégie s’avéra être un échec. Non seulement, le rythme des
pertes humaines ne faiblissait pas mais, en plus, les Protobilois était comme galvanisés par la
passivité de leur adversaire, y voyant les prémisses d’une victoire totale et définitive.
C’est alors
qu’apparue la mère de tous les vices : la discorde. S’appuyant sur le
doute et le manque d’espérance d’un peuple qui se sentait défait, elle vint s’insinuer
au cœur de leur conscience, de leur famille, de leurs assemblées. Au bord de
l’éclatement, les Antitobilois était un peuple agonisant qui ne voyait comme avenir que la vision d’un âge d’or
passé qu’on aurait reconstruit comme on restaure un œuvre d’art dont la splendeur
s’est fanée.
Certains
choisirent l’exil. D’autres décidèrent d’abandonner et de passer à l’ennemi. Mais un
petit nombre continuait le combat. D’où venait leur espérance ? On ne sait
pas. Mais il est manifeste que ce petit reste savait incommoder son adversaire :
il menait une guerre de vendetta, clandestine et secrète, agrémentée de rares
actions d’éclats. On les appelait "terroristes", ils se disaient "résistants".
A cette époque, il était normal, pour résister
à la terreur des terroristes, de terroriser les résistants à la terreur. C’était la
guerre des mots. La peur avait vaincu la raison.
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