mardi 5 février 2013

Le chapon de Joël

Avant-Propos à destination de la césure : Ne voyez pas ici, de haine ni de phobie : je n'ai pas eu la classe, de poser la virgule. C'est que je suis trop las, et mes vers ridicules. Et si vous n'aimez pas, je vous réponds : tant pis. ! 


Joël est éleveur, il élève des Chapons.
Il en a une centaine. Ils sont beaux, Ils sont bons !
Entre cents recevant tout de manière égale,
Parfois un se distingue, en  bien ou bien en mal.
Hercule est de ses pairs, un être différent.
Plus fin, plus délicat, mais ce qu’il n’a en masse
Il l’a en élégance, en flegme et en race.
Joël en est très fier et Hercule fait le mâle !
Mais voilà qu’en un jour, la bête tombe pâle.
Trois journées sans manger et le voilà tout frêle.
Joël est très inquiet. Il lui apporte des graines
    de tournesol tendre mais Hercule n’en veut pas.
 Alors tout en pleurant, il lui parle tout bas : 
 - Mon ami, ma fierté, vas-tu donc nous quitter ? 
Et à sa grande surprise le chapon lui répond:
- Je n’ai plus goût à rien, et plus de volonté.
- De grâce l’animal, dis-moi ce qui, au fond,
    te tracasse vraiment, et je te consolerai.
- C’est que je ne sais pas, pourquoi je suis « ici ».
- Et où voudrais-tu être ? C’est « ici » ton logis.
- Mais d’où vraiment je viens ? Et où vraiment je vais ?

Il n’y a  pas plus grave qu’une volaille qui doute.
Et Joël entreprend de lui dire son fait :
 - De l’avenir je peux te dire qu’il sera laid,
Un homme t’emmènera à Noël sur cette route,
  et des bourgeois braillards dévoreront ta chair.
Mais il faut bien mourir et tu gagnes en prestige :
Nourrir un homme vaut mieux que de nourrir les vers.
Leurs joies valent au centuple les statues qu’on érige.
Te voilà rassuré ? Cesseras-tu ton angoisse ?
- Mais d’où viens-je vraiment ? Pleurnicha le coquet.
- Tu viens de cette ferme, c’est là que tu es né.
- Tu veux dire de cette fange, de cette boue, de cette poisse ?
- Mais non ! Dans une couveuse, de haute technologie !
C’est elle qui t’a chauffée, patiemment dans ta coque.
Jusqu'à ton éclosion, où tout endoloris,
Tu fis l’admiration des poules et des coqs.
Alors tu fus chapon et tu t’enorgueillis.
Tu grossis, tu dormis et nous sommes aujourd’hui.
- Alors c’est cet engin qui m’a fait si parfait ?
C’est de cette mécanique que réellement je viens ?
- Grand Dieu que tu es bête ! Mais non tu viens d’un œuf !
Un œuf blanc et ovale et dur comme tu marbre
Mais léger et fragile comme le bourgeon de l’arbre
Comme la fleur des champs, comme son pétale neuf.
- Ainsi je viens d’un œuf, un œuf comme mille autres
Un œuf sans intérêt, qu’on aurait pu manger
Et qui par le hasard, s’est trouvé fécondé 
Mais d’où viens donc cet œuf ? Cet œuf et les mille autres ?
- Sotte entêtée bestiole ! Tu n’en finiras pas !
L’œuf : il vient d’une poule !
- Et qui est cette poule ?
- Une poule « Gallus Gallus Domesticus »
- Elle se nomme Gallus ?
- Elle n’a pas eu de nom, on ne leur on donne pas.
- Il n’y a pas eu de coq ?
- Si !  Il y a eu un coq.
- Et qui donc est ce coq ?
- Un coq de race Gallus, Gallus Domesticus.
- Il se nomme Gallus ?
- Il n’a pas eu de nom, on ne leur en donne pas.
- Et savent-il que j’existe ? Savent-il que je suis là ?
- Moi-même je le sais, n’est-ce pas suffisant ?
Je me soucis de toi comme l’un de mes enfants !
- Triste est l’enfant qui nait sans avoir de repère,
Sans avoir une histoire, fut-elle décevante.
Nulle tendresse ne vainc l’angoisse persistante
Ce néant dont on tire une vie solitaire.

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