mardi 23 avril 2013

Lettre aux veilleurs, le 23 Avril 2013.

Chers Veilleurs,

Je ne sais si cette lettre, vous sera jamais lue. Elle est très ordinaire, et elle ne vaut pas plus, que celles qu’autrefois, les poètes maudits, envoyaient aux puissants. Le mal dont je souffre, me commande de parler. C’est une maladie, du cœur, qui m’a frappé, depuis que vendredi, je vous ai vu ici.

Alors qu’assis par terre, vous respiriez le soir, goutiez à la tiédeur d’une terre qui s’endort, d’autres allaient se coucher, ou bien rire, ou se perdre dans l’un des tourbillons que les nuits parisiennes accordent aux noceurs.

Et la brise du soir semblait vous murmurer : « La justice et la paix sont le fruit d’une passion que peut nourrir chaque Homme. Cette passion à nom, un nom universel, qui fait rire les enfants, qui fait danser les femmes et fait pleurer les hommes. Cette passion à un nom et vous le connaissez, enfants des Invalides, cette passion à un nom : la générosité. »

Je voyais un garçon qui songeait silencieux, et regardait la flamme d’une si petite bougie. Je le voyais rêver. Mais que peut donc se dire, en lui-même un garçon, de vingt années, à peine ? C’est alors que je cru, voir la flamme lui parler : « Tu ressens ma chaleur, tu me vois si fragile, qu’un simple courant d’air peut me désagréger. Tu perçois ma lueur, une lueur si candide, une lueur qui ne peut à elle seule éclairer, le fond de cette nuit. Je suis aussi en toi. On m’appelle « conscience » et je suis ton amie. Ne me laisse pas mourir, ne me laisse pas m’éteindre ou bien rallume moi. »

Alors je fus troublé. Le sol était trop dur, la nuit était trop froide, je me sentais perdu dans un théâtre d’ombre, perdu et fatigué, fatigué et si faible, si faible que je tremblais. C’est alors que la lune, éclaira le visage, d’une femme agenouillée, et son sourire paisible chantait ce doux refrain : « Comme à la nuit venue, la lune porte le soleil, quand je me sens perdu, mes amis me conseillent. »

Je me laissais bercer comme fait un enfant et mes pensées volaient sans jamais s’arrêter. Je voyais un cheval qui courait comme le vent. Je voyais une épée, qui brillait comme une flamme. Je revoyais cette femme, et son genou à terre. C’était une veillée d’arme. Comme il y a mille ans, avant de s’engager, les chevaliers veillaient. Je me tournais vers elle et je lui demandais ce qu’était cette épée. « L’épée de vérité ? C’est l’arme des veilleurs, mais nous ne la sortons qu’en notre fort intérieur, pour dissiper le doute et vaincre l’agitation. C’est une arme de paix, mais une arme terrible »

Alors, je suis  resté, assis, auprès de vous. Je sais qu’il nous faudra peut-être attendre longtemps. Certains pensent que nous attendons une aurore. Moi je sais bien que nous attendons un zénith, quand le soleil brille dans toute sa splendeur. Cela prendra du temps, mais nous tiendrons, Ensemble…

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