vendredi 25 janvier 2013

Le Journaleux, le Taiseux et les Niaiseux.



 Avant-Propos à destination de la censure : Ceci est une fable et non une parabole, une métaphore ou une comparaison.(Voir définition de "fable" sur Wikipedia). Inutile donc d'y rechercher des propos discriminatoires ou malveillants, sauf, peut-être, envers les sots qui vénèrent leur sottise. En guise de morale, vous aurez l'obligeance de vous satisfaire d'une chute, vous y souscrirez, c'est plus digeste que l'inverse. Enfin, vous ne comprendrez l'histoire que si vous découvrez ce qui se cache derrière "le Chien". Indice : ce n'est ni un individu, ni un groupe d'individu, ni un sentiment, ni un concept, ni une idée et c'est on ne peut plus républicain, au sens étymologique du terme, bien sur, et non au sens confiscatoire.  
  
C’est une histoire qui se passe dans une ferme. Une ferme avec une basse-cour, une porcherie, un clapier, une écurie et une petite mare aux poissons. Rien de bien extraordinaire si ce n’est l’organisation de la basse-cour. Le Fermier, on ne sait pas bien pourquoi, avait décidé de  confier aux volailles la gestion de la basse-cour. Le fermier leur avait appris à trouver leur nourriture, à s’apporter les soins vétérinaires, à se construire de solides abris et à se protéger du rusé renard. La basse-cour s’était organisée en conséquence et avait coutume de se choisir un chef, parmi les coqs les plus éloquents, pour diriger les opérations. On le nommait : le Coq-en-Chef.

Il y avait un Coq, qui se nommait François Coquelet. Non qu’il soit spécialement chétif, bien au contraire, mais parce qu’il y avait déjà eu un François Coq, un Coq-en-Chef particulièrement brillant par son habilité et son éloquence, sachant ménager la chèvre et le chou rouge comme personne. Coquelet, lui, s’était rendu maitre dans l’art d’ouvrir son aile gauche et son aile droite, si grande qu’il semblait pouvoir prendre toutes les poules sous son aile. Cela, ne le rendait pas pour autant capable de voler, quoiqu’on en dise, mais lui donnait l’ambition de vouloir prétendre au pouvoir suprême : devenir Coq-en-chef.

Il y avait aussi un Chien. Un vieux Chien qui semblait fatigué. On ne l’avait que rarement entendu aboyer et personne ne se souvenait qu’il ait pu un jour mordre. Quand elles ne lui étaient pas complètement indifférentes, les poules s’en moquaient volontiers. Elles ne se privaient pas de le calomnier, de se percher sur sa tête, de lui piquer le dos. On raconte même que certains coqs, en guise de rite initiatique, s’amusaient, le soir tombé, à faire sur lui leurs besoins. Mais jamais le Chien ne se fâchait. Il restait calme, et laissait s’échapper un soupir en souriant mollement, ce que la plupart des poules interprétaient comme un signe de plus de sa débilité. 

Il y avait aussi un Canard qui dirigeait depuis longtemps une entreprise de Cancanerie. Il avait un certain talent, principalement lié au fait qu’il avait la capacité de parler plus fort que les poules ne caquètent. Il en usait avec immodération, couvrant la basse-cour de ses coins-coins dissonants.  

Il se trouve que, cette année-là,  l’hiver avait été plus rude que les autres années, et les poules étaient particulièrement fatiguées. Il faut dire que le Coq-en-Chef, Coq-Cola, surnommé ainsi  en raison de son goût pour la fameuse boisson pétillante, les avait particulièrement épuisées avec son concept de « pondre plus pour avoir plus de grain ».

Quant au Canard, il en voulait très  fort à Coq-Cola de lui avoir dit un jour de se taire et avait juré qu’il prendrait sa revanche. 

Donc notre Coquelet, le plus normalement du monde, entra en campagne contre Coq-Cola, et trouva dans le Canard un allié de circonstance tout à fait remarquable. Il prit systématiquement le contre-pied du Coq-en-Chef, jura qu’il saurait se montrer généreux, promis que les poules pourraient pondre moins tout en ayant plus de grain, quitte à prélever directement la graisse sur les oies blanches si jamais le grain venait à manquer. Les poules l’écoutaient avec méfiance, mais, la fatigue aidant, se laissèrent convaincre petit à petit. Il faut dire que le Canard le soutenait par une opération de Cancanerie jusqu’à ce jour inégalée.

Coquelet sentait sa victoire proche, mais, pour rien au monde, il ne voulait qu’elle lui échappe. Ainsi, se mit-il à promettre, encore et toujours plus, à chacun des animaux, assurant qu’avec lui, ils ne manqueraient de rien, et que lui, au moins, avait réellement compris leurs besoins.

Or, dans la mare, il y  avait un petit groupe de poisson. Ces poissons, en tournant au fond de l’eau, regardaient avec une envie grandissante les poules et les coqs élever leurs poussins. Ils auraient bien voulu, eux aussi, avoir de jolis petits poussins tout doux. « Pas de problème » leur dit Coquelet, « si je suis élu vous aurez des poussins. Après tout, ce n’est que justice, pourquoi, des poissons, seulement parce qu’ils ne sont ni des poules ni des coqs n’auraient pas le droit, eux aussi, d’avoir des poussins ? »

Devant tant d’éloquence, la plupart des poules opinèrent de la tête  et le Canard se garda bien de leur dire que jamais  on avait  vu un poussin nager. Lorsque certaines volailles se posèrent la question, il leur fut répondu : « ce n’est pas parce que ça n’a jamais été fait que ça ne peut pas se faire » ou encore « avec des raisonnements comme ça nous aurions encore des dents, comme les dinosaures».

Coquelet fut élu et devint, comme il l’avait rêvé, le coq le plus puissant de la basse-cour. Coquelet devint Coq-en-Chef.

C’est alors que Coquelet en vint à devoir tenir ses promesses. Et ses administrés furent  bien malheureux quand ils s’aperçurent qu’il ne pouvait en tenir la moitié, ou même un tiers. Pour sauver les apparences, Coquelet décida tout de même d’en tenir une ou deux.

...Et il décida de donner des petits poussins tout doux aux gentils poissons de la mare. 

C’est alors qu’on entendit le Chien. 

D’abord un soupir, à peine plus fort que les autres, puis un petit râle, enfin un aboiement. Pas un gros. Juste un petit.

« Comment ? », se dit le nouveau Coq-en-Chef, « un chien qui aboie ! Mais c’est inconcevable ! Dans la basse-cour, les chiens n’aboient pas ! ou bien le soir, cachés, quand il n’y a plus personne ! »
Et on demanda au Canard de couvrir le son de sa voix. Ce qu’il fit fort bien. 

Mais le Chien continuait. Et de plus en plus fort !

 Alors on lui mit un bâillon et on demanda au Canard d’augmenter le volume. Ce qu’il fit fort bien.

 C’est que, la dernière fois que ce chien s’était fait entendre, Coquelet s’en souvenait ! A l’époque, François Coq était Coq-En-Chef et avait voulu faire une réforme pour supprimer l’élevage en plein air. « C’est que les poules », pensait-il, « devraient toutes être élevées en batterie, pour recevoir toutes exactement la même quantité de grain, d’air et de lumière ». Malheureusement pour lui, le vieux Chien avait aboyé à s’en décrocher la mâchoire et les poules apeurées avait dû le supplier de renoncer à son projet. Ce qu’il avait finalement fait, étant plus habile qu’audacieux. « Après tout, si certains veulent patauger dans la boue. » avait-il consenti. 

Mais pour Coquelet, ces  aboiements étaient insupportables. Ils raisonnaient dans sa tête, ne le laissaient jamais tranquille, le tourmentaient le jour, la nuit. Ils lui rappelaient la honte, la défaite, l’impuissance. 

Coquelet y mettrait tout son orgueil : Il ne laisserait pas le vieux Chien saboter une des seules promesses qu’il pensait encore pouvoir tenir. Il ne laisserait pas le vieux chien faire dire qu’il était moins bon coq que l’illustre François Coq. Et tout son complexe d’infériorité se cristallisait autour de cette affaire.  Il ferait mieux que François Coq. Il ferait taire le Chien. 

Mais le Chien n’était plus seul : d’abord, des oies l’avaient rejoint, puis des dindons, des cochons, des chevaux, des lapins, des vaches, des étourneaux et même des poissons de la rivière. Et tous donnaient de la voix et tous criaient comme un seul homme : « NOUS NE LAISSERONS PAS LES POUSSINS SE NOYER ! »

L’histoire ne raconte pas ce qui se passa ensuite. 

On rapporte toutefois que la Canard se cassa la voix à force de hurler et que, bien qu’il mourût à un âge avancé, il passa ses dernières années très seul et assez malheureux car personne n’avait voulu reprendre son entreprise de Cancanerie.

Les mauvaises langues disent qu’on croisa Coquelet, plus tard, discourant devant des cailloux afin qu’ils votent pour lui, leur promettant je ne sais trop quels avantages.

Quant au vieux Chien, et bien ! Il est toujours à la ferme !

5 commentaires:

  1. qui verra le second degre de l'histoire????

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  2. pas mal.. mais trop long. C'est quoi ce chien réac ?

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  3. Pour moi le chien, c'est une forme de réveil des consciences qui nous appelle à l'équilibre entre liberté et valeurs. Le spectre de De Gaulle? Très chouette en tout cas :) Perfectible, mais très, très chouette.

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  4. Très bien, très vrai. Bravo, merci. Faites en d'autres. Continuez, améliorez, publiez, faites connaître vos textes.

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  5. La forme est pauvre et le fond est gerbant. Il y a des fautes d'orthographe. Un conseil : Passez à autre chose. Le jardinage ?

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